Dans ce numéro de mars-avril 2013 que Futuribles consacre très largement à l’impact social et politique des religions, Philippe Portier s’intéresse à l’évolution des relations entre Églises et États en Europe occidentale. Rappelant tout d’abord le poids des héritages, il présente les deux modèles dominants : le modèle de confessionnalité dans lequel une religion est officiellement distinguée des autres (qui concerne notamment les pays protestants et orthodoxes) et le modèle de séparation Église / État, soit souple (dans les pays du centre de l’Europe), soit rigide (principalement en France).
Mais Philippe Portier souligne ensuite une tendance de plus en plus marquée, sur longue période, au « croisement des trajectoires », autrement dit à un mouvement simultané de « déconfessionnalisation » dans les pays de tradition catholique (Italie, Espagne), mais aussi luthériens (comme la Norvège) ou orthodoxes (comme la Grèce), et de réassociation du religieux à la sphère publique (en France en particulier). Ces évolutions pourraient bien figurer, selon l’auteur, l’émergence d’un modèle commun de laïcité qui, sans gommer totalement les différences nationales de régulation des croyances, les rapprocherait d’un système relativement unifié de « séparation coopérative ».