Compte tenu de son caractère occulte, il est difficile de disposer aujourd’hui de données précises et récentes sur le poids économique du crime organisé. Les dernières données officielles, émanant de l’Office des Nations unies contre la drogue et le crime, datent de 2009 ; elles estimaient alors que le montant cumulé des marchés criminels représentait plus de 3 % du produit intérieur brut mondial. Dix ans plus tard, compte tenu notamment de l’explosion des paris en ligne et autres canaux de cybercriminalité s’ajoutant aux voies plus classiques, il y a fort à parier que cette part a encore progressé. Et s’il est évidemment indispensable de combattre cette économie illicite, il faut aussi relever qu’elle occupe une place, certes peu médiatisée mais néanmoins tangible, dans l’économie légale. C’est ce que montre ici Elisa Operti, qui a étudié le rôle et le poids du crime organisé dans le financement des activités économiques classiques et de l’entrepreneuriat. Ses recherches, qu’elle présente ici brièvement, indiquent en effet que le crime organisé peut constituer un soutien important aux acteurs économiques traditionnels et à certains territoires, en particulier en période de crise. Cet aspect peut-être méconnu doit être pris en compte par les acteurs luttant contre la criminalité, de sorte que leur combat puisse être adapté au contexte institutionnel et sociopolitique dans lequel il s’inscrit.
Crime organisé et marchés légaux
© VectorMine / Shutterstock
Cet article fait partie de la revue Futuribles n° 432, sept.-oct. 2019