Entre enlisement et chaos total, la situation vénézuélienne alimente les scénarios du pire. À la hantise d’un coup d’État répond le spectre d’une guerre civile. Bien des facteurs permettent pour l’heure de conjurer ces extrêmes, sans préjuger du sort d’un pays en butte à l’isolement.
Déjà divisée du temps de son inspirateur Hugo Chavez, la République bolivarienne aura accumulé au cours de la période 2016-2017 des fractures qui signent sinon la fin d’un système, celle d’un idéal. Fracture économique, d’abord, avec la dislocation d’un modèle redistributif s’appuyant sur l’unique rente pétrolière, révélé par des pénuries d’ampleur et une inflation portée à 780 %. Fracture institutionnelle, ensuite, avec l’élection, le 30 juillet, d’une Assemblée constituante à la main du gouvernement, substituée à une Assemblée nationale dominée par l’opposition et élue un an et demi plus tôt. Fracture politique, encore, au sein même du chavisme, incarnée par la dissidence et le limogeage, le 5 août 2017, de l’ancien procureur général de la République, Luisa Ortega Díaz, réfugiée depuis au Brésil. Fracture sécuritaire, enfin, du fait d’une répression accentuée par les colectivos (paramilitaires) et étendue à des quartiers traditionnellement acquis au chavisme.
La polarisation et les rapports de force qu’elle génère se sont modifiés. L&...