Actualités prospectives n° 214

Laurent Joffrin, directeur de la rédaction de Libération, n’hésite pas à annoncer l’apparition d’un « nouvel acteur de la vie politique française (…), un acteur dont l’importance croît au fur et à mesure que s’approfondit la crise sociale, un acteur qui occupe une place croissante, à la gauche de la gauche ». Ce courant ne s’appuierait sur aucune structure, encore moins un parti ; il résulterait plutôt de la convergence d’opinions d’individus disparates, autour d’événements (l’affaire des sans-papiers, les élections de Gar-danne) ou de mouvements socio-culturels (les militants d’Act Up, le livre de Viviane Forrester, l’Horreur économique, de Charlie Hebdo, les idées développées dans l’hebdomadaire culturel Les Inrockuptibles, ou dans la revue littéraire NRV, etc.). L’apparition de la nouvelle gauche se cristalliserait essentiellement autour de refus, d’attitudes de révolte (contre l’Europe telle qu’elle se construit, l’omniprésence de l’économie), laissant de côté les projets constructifs, les programmes politiques classiques, les idéologies globalisantes. Mais c’est un mouvement qui lance les débats et pose des défis au gouvernement, aux partis de gauche et à la société tout entière.