Depuis maintenant plus d’une décennie, aucune politique publique n’est élaborée, en France, sans une arrière-pensée mâtinée de développement durable, et c’est fort bien. Néanmoins, lorsqu’on y regarde de plus près, les dépenses publiques de l’État, au travers de la fiscalité ou des subventions versées, ne vont pas toujours dans son sens. C’est le cas en particulier s’agissant de la protection de la biodiversité.
Comme le montre ici Thierry Lavoux, en s’appuyant sur le rapport Sainteny (Les Aides publiques dommageables à la biodiversité, Paris : La documentation Française (rapport du Centre d’analyse stratégique), 2012, 410 p.), bien des aides publiques – entendues au sens large (subventions, dépenses fiscales, avantages réglementaires, etc.) – se révèlent dommageables à la biodiversité. L’auteur, après avoir rappelé la difficulté à intégrer la protection de l’environnement dans les évaluations économiques, souligne ainsi les principaux facteurs engendrant des atteintes à la biodiversité (artificialisation du territoire, fragmentation des habitats, surexploitation des ressources naturelles…) et résultant, directement ou indirectement, d’une incitation financière d’origine publique. Pour conclure, Thierry Lavoux présente quelques-unes des recommandations ambitieuses du rapport Sainteny – telles qu’une baisse des soutiens publics à la création de nouvelles infrastructures de transport -, qui constituent un apport essentiel à l’intégration dans les comptes publics de la protection de la biodiversité.