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Coup de projecteur sur les travailleurs mobiles

Dans son numéro de mars-avril 2022, la revue Horizons publics consacre un article aux « travailleurs mobiles ». Sous ce terme, se cachent des métiers bien différents (aide à domicile, chauffeur routier, etc.) qui ont comme point commun de ne pas disposer de lieu de travail fixe et dont le temps passé en mobilité constitue une part importante de leur journée de travail.

À l’heure où l’on parle de télétravail, de flex-office, de travail à domicile, réalité qui concerne à peine 20 % des salariés français, le phénomène des travailleurs mobiles concernerait 40 % des actifs, soit environ 10 millions de personnes en France. L’article explique que ces actifs sont, dans la majeure partie des cas, soit employés par des ménages, soit employés dans le cadre de contrats de sous-traitance, ce qui allonge la chaîne des prestataires et contribue à les « anonymiser » aux yeux des pouvoirs publics. D’ailleurs, ces professions étaient surreprésentées au sein du mouvement des « gilets jaunes » dont la précarité énergétique liée à la mobilité était l’un des principaux motifs de revendication. Par ailleurs, ces actifs ne forment pas de collectifs, ils ne disposent pas (ou très peu) d’endroit pour se (re)poser, discuter entre collègues, et sont solitaires dans la pratique de leur activité. Ils sont donc éclatés en termes d’espace, en termes de métiers et, bien souvent, en termes d’horaires. Ces travailleurs mobiles sont aussi absents des statistiques des temps de trajet domicile-travail puisque l’enquête nationale « Mobilité des personnes » effectuée tous les 10 ans par le ministère de la Transition écologique se base sur les déplacements entre le lieu de résidence et le lieu d’implantation de l’entreprise.

Dans l’article publié par Horizons publics, Manon Loisel et Magali Talandier croisent différentes sources afin d’établir le profil de ces travailleurs : ce sont très souvent des hommes, peu diplômés et employés à temps partiel. Les secteurs d’activité le plus concernés sont : la santé, l’action sociale, l’administration publique (avec les policiers notamment), la construction et les activités de service aux entreprises. Ce type d’emploi a connu une augmentation plus importante que les emplois classiques sur les 10 dernières années (+ 10 % versus + 3 %).

Manon Loisel et Magali Talandier en appellent au lancement d’un travail de prospective publique qui permettrait de parler davantage de la réalité quotidienne de ces travailleurs et de les comptabiliser dans les statistiques, afin de les « sortir de l’ombre » d’une part et, d’autre part, d’améliorer leur qualité de vie au travail et d’intégrer cette donnée dans les travaux liés à la transition écologique (puisque la quasi-totalité de ces travailleurs utilisent la voiture individuelle dans le cadre de leurs déplacements).

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Source :
Loisel Manon et Talandier Magali, « Les travailleurs mobiles, un angle mort des politiques publiques », Horizons publics, n° 26, mars-avril 2022.

#Conditions de travail #Mobilité
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