Le déficit commercial américain a dépassé 6 % du PIB des États-Unis en 2005 et devrait s’approcher des 7 % en 2006. Et la hausse des cours du pétrole, dont les Américains sont particulièrement dépendants, risque d’aggraver encore cette situation. Par ailleurs, le déficit budgétaire atteint lui aussi des records et devrait continuer à se creuser au moins jusqu’en 2009. Or, en l’absence d’un comportement d’épargne des Américains, c’est grâce aux capitaux étrangers que les États-Unis financent leur dette.
À l’opposé, la Chine parvient à conjuguer une croissance économique rapide, une balance des paiements totalement excédentaire et un déficit budgétaire minime (1,5 % en 2005). Elle utilise ses excédents commerciaux pour accumuler des dollars américains et devient un important créditeur des États-Unis.
Philippe Delalande propose dans cet article une comparaison entre les situations financières opposées, et pourtant de plus en plus imbriquées, de ces deux puissances économiques. Il explique que le double déficit (commercial et budgétaire) de l’État américain peut se maintenir grâce au statut particulier que possède le dollar à l’étranger. La confiance en cette devise et en l’économie américaine ne fléchit pas, et les États-Unis deviennent de plus en plus dépendants des capitaux étrangers. À l’inverse, les dirigeants chinois ont choisi de contrôler strictement les entrées et les sorties de capitaux étrangers en Chine, et de maintenir leur devise, le yuan, sous-évalué.
L’auteur évalue les conséquences qu’auront ces déséquilibres financiers croissants sur le système économique mondial et sur les rapports géopolitiques des États-Unis et de la Chine
Déficits américains, excédents chinois : où mèneront-ils ?
Cet article fait partie de la revue Futuribles n° 325, déc. 2006