Du no future à l'Europe de demain
Cet article fait partie de la revue Futuribles n° 246, oct. 1999
Tous ceux qui ont la chance de voyager un peu ne peuvent qu’être frappés de voir qu’en Europe – en Europe particulièrement – l’avenir est synonyme de crainte plus que d’espoir. Tandis qu’ailleurs, ceux que j’ai pu rencontrer, au Sud comme au Nord, à l’est comme à l’Ouest, quel que soit aujourd’hui leur sort – on le sait très inégal -forment des projets, projettent dans le futur des rêves peut-être insensés ; ici, en Europe, le futur semble bouché. Bien sûr, partout et de tout temps, il y a eu des êtres désespérés et d’autres qui, quelles que soient les circonstances, trouvaient le moyen d’être heureux. Mais, au-delà de ces États d’âme personnels, ce sont aujourd’hui des sociétés entières qui, en Europe et peut-être plus encore en France, me semblent perdre pied. Seraient-elles trop riches ? Seraient-elles trop vieilles ? D’où vient cette langueur, ce sentiment largement partagé du no future ?