Prenant appui sur un article récent de Richard Thaler sur l’avenir de la science économique, Alain Michel nous livre ici un vibrant plaidoyer contre une » science économique » qui ne s’intéresse qu’à un homo oeconomicus dont le comportement est supposé rationnel, et en faveur d’une » économie politique » qui s’intéresserait à un homo sapiens mû aussi par des émotions, une sensibilité, peut-être une âme.
Il montre comment, obsédés par la scientificité de leurs travaux, les économistes en sont venus à fabriquer une économie à haute dose de mathématiques, déconnectée du monde réel – une économie certes non dépourvue d’intérêt, mais indûment prétendue objective et sans réelle capacité descriptive.
Il rappelle que les êtres humains… ne sont pas des agents désincarnés agissant de manière purement rationnelle, que leurs activités ne peuvent donc être appréhendées qu’en reliant les savoirs qui, au nom de la science, ont été artificiellement morcelés. Ainsi dénonce-t-il le scientisme ambiant, dont il montre au demeurant les limites, et milite-t-il pour une approche davantage interdisciplinaire mieux adaptée à la compréhension d’un homo sapiens du reste plus sympathique.
Ecce homo... oeconomicus ou sapiens ? De l'avenir de la science économique
Cet article fait partie de la revue Futuribles n° 261, fév. 2001