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Fonte des glaces en Antarctique : des prévisions plus fiables, et inquiétantes

Fin février et début avril 2022, le GIEC (Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat) a rendu publics les deuxième et troisième volets de son sixième rapport d’évaluation sur le changement climatique. Parmi les enseignements à retenir, qui feront prochainement l’objet d’une plus ample analyse dans ces colonnes, une avancée importante mérite attention : elle concerne la capacité à mesurer et prévoir les évolutions de la fonte de l’inlandsis (glacier) en Antarctique.

En effet, les prévisions en la matière avaient beaucoup fluctué jusqu’ici, y compris dans les rapports antérieurs du GIEC : en 2001, les experts tablaient sur un accroissement des précipitations qui augmenterait l’inlandsis antarctique ; en 2013, ils estimaient au contraire (avec un degré de confiance « moyen ») que sa masse diminuerait. Le premier volet de ce sixième rapport (paru en 2021) indiquait que dans le scénario d’émissions très fortes, la fonte de l’Antarctique entraînerait une élévation du niveau de la mer jusqu’à deux mètres par rapport à 1900.

Dans ce deuxième volet, le GIEC s’appuie sur les travaux d’une équipe de recherche japonaise, effectuant des simulations courant jusqu’en 3000, sur base des projections climatiques disponibles jusqu’en 2100. Plus de 10 modélisations différentes ont ainsi pu être effectuées à travers le monde ces 10 dernières années, pour améliorer les techniques d’observation des glaces de cette région. Grâce à ces avancées, les experts estiment désormais que d’ici l’an 3000, la fonte de l’inlandsis antarctique entraînerait une élévation du niveau moyen de la mer de 3,5 mètres dans le scénario « moyennes émissions » du GIEC ; de 5,3 mètres dans le scénario à fortes émissions ; et de 25 centimètres dans le scénario de réduction drastique des émissions.

Ces prévisions ont été étayées par l’amélioration des techniques d’observation par satellite qui permettent de mieux suivre ce continent glacé et son évolution (notamment topographique). Ainsi, 150 milliards de tonnes de glace auraient disparu ces dernières années, équivalant à une augmentation du niveau de la mer d’environ 0,3 millimètre par an. C’est pour le moment la partie occidentale de l’Antarctique qui subit de plein fouet cette fonte de l’inlandsis. Côté oriental, la glace est encore épaisse et la situation reste stable ; mais certains rapports pointent un affaiblissement du rôle de bouchon joué par les plates-formes gelées (qui retiennent la glace du continent), qui pourrait constituer un signe avant-coureur de risque de fonte là aussi.

En somme, ce sixième rapport du GIEC marque une réelle avancée dans la fiabilité des capacités de prévision de la fonte des glaces de l’Antarctique (c’est la bonne nouvelle), avec pour conclusion qu’il est désormais acquis que cette fonte s’accélère (ce qui est moins réjouissant) et contribue à l’élévation du niveau de la mer et ses conséquences (engloutissement de certaines îles, submersion des côtes, disparition de villes de basse altitude…).

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Sources :
Asanuma Naoki, « Quand la mer monte », Courrier international (Nihon Keizai Shimbun), n° 1 636, 10-16 mars 2022 ; Climate Change 2022: Impacts, Adaptation and Vulnerability, GIEC, février 2022.

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