Le vaste mouvement de mécontentement qui s’est manifesté en France au travers des manifestations des « gilets jaunes », initiées il y a un an maintenant, témoigne d’un fort sentiment d’abandon d’une partie de la société française. Si les situations des manifestants sont très diverses et leurs revendications parfois disparates, ce sentiment d’être acculé, de se trouver dans une sorte d’impasse socio-économique, est-il étayé par les observations statistiques ? À lire cet article de Laurence Boone et Antoine Goujard, il semble en effet que la France occupe une position particulière dans le monde développé, ne parvenant plus à faire fonctionner l’ascenseur social correctement ni à offrir une égalité des chances suffisante à chacun.
S’appuyant sur des comparaisons internationales, cet article souligne la faible mobilité sociale au fil des générations et une inégalité des chances qui, en France, est perpétuée par le système éducatif et de formation. Autrement dit, ni l’École, ni le parcours dans l’emploi (quand on a la chance d’être actif) ne permettent aux personnes situées en bas de l’échelle sociale d’y progresser ; et si la redistribution et les transferts sociaux tempèrent un peu l’analyse, ils ne suffisent pas à rétablir une égalité des chances. Comme l’indiquent les auteurs dans leurs recommandations finales, seules des mesures substantielles de réforme dans le domaine de l’éducation tout au long de la vie seraient à même de changer la donne.