L’article de Ugur Muldur rend compte de l’évolution de la politique américaine de Science et Technologie du début des années quatre-vingt à aujourd’hui (de Reagan à Clinton) et des orientations à moyen et à long terme qui désormais se dessinent. Il prend appui à la fois sur les réalités et les discours, en particulier les priorités affichées par la Maison Blanche, en montrant combien des paroles aux actes, le délai peut être long – quand du reste ils ne sont pas contradictoires.
Ainsi, traitant en premier lieu de l’ampleur de l’effort public de R&D, l’auteur montre combien, sous la présidence théoriquement libérale de Reagan, les dépenses fédérales de R&D se sont accrues au bénéfice principal du complexe militaro-industriel. Puis combien les présidents Bush et Clinton – en dépit de leur appartenance l’un au parti républicain, l’autre au parti démocrate – se sont identiquement attelés à réduire lesdites dépenses fédérales tout en les réorientant vers des finalités davantage économiques et sociales.
U. Muldur, s’intéressant ensuite au contenu des politiques de R&D, distingue trois étapes dans l’évolution des finalités des politiques publiques : la première dominée par le binôme défense/sciences, la seconde par le couple industrie/technologies, la troisième par le mariage société/innovations. Il entend ainsi rendre compte de l’évolution des priorités assignées à la R&D par les présidents successifs des États-Unis et souligner combien Clinton se déclare attaché aux recherches à finalité sociétale ainsi qu’à celles confortant le leadership américain dans les hautes technologies.
Mais, précise l’auteur, passer du verbe aux actes exige un temps d’adaptation tel que la politique de R&D américaine n’en est encore qu’à la deuxième étape. Toutefois se dessine une évolution qui, à moyen et à long terme, pourrait être marquée par d’importants changements dont il précise la direction.
La politique américaine de Science et Technologie
Cet article fait partie de la revue Futuribles n° 220, mai 1997