Paru fin 2013 en France, Le Capital au XXIe siècle, de Thomas Piketty a dû attendre le printemps 2014 et le succès de son édition en langue anglaise aux États-Unis pour occuper une place de choix dans les médias français – non sans susciter de controverses parmi les commentateurs et économistes hexagonaux. Somme de près de mille pages riche de nombreuses séries statistiques sur longue période, cet ouvrage prolonge le précédent, consacré aux hauts revenus en France?(qui a largement contribué à forger la réputation de cet économiste français), et se concentre cette fois sur l’évolution historique des revenus du capital dans une perspective internationale.
Geneviève Schméder a lu cet ouvrage pour Futuribles et nous en présente quelques grands enseignements, à commencer par le diagnostic principal : la répartition des richesses se fait de plus en plus au profit des détenteurs du capital (les revenus du capital augmentent plus et plus vite que ceux du travail) et, parmi eux, c’est la toute petite minorité des « ultrariches » qui voit son patrimoine croître le plus. Dans un tel contexte, les inégalités s’accentuent et l’on voit mal comment inverser cette tendance à la concentration des richesses en haut de la pyramide. Comme le souligne Geneviève Schméder, au-delà de son analyse économique, Thomas Piketty pose deux questions politiques fondamentales : quels sont les risques, pour la démocratie, d’un tel accaparement des richesses ; et à partir de quel niveau d’inégalité les citoyens décideront-ils d’entrer en fronde ?