Les prétentions protectionnistes du nouveau président américain, à supposer qu’elles soient tenables, remettent les États latino-américains au défi d’un renforcement de leurs liens économiques et politiques. Cependant, des risques de fragmentation demeurent ou apparaissent.
À quelques mois de la présidentielle américaine, le président équatorien Rafael Correa, héraut de la vague des gauches du Sud déclarait : « Entre Hillary Clinton et Donald Trump, je choisis Trump. » Apparent paradoxe, mais apparent seulement. En bonne logique, le coreprésentant de l’Alliance bolivarienne pour les peuples de notre Amérique (Alba) [1] pariait qu’une présidence Trump sous le sceau du America First (entendre « Les États-Unis d’abord ») délesterait enfin l’Amérique latine de son éternelle puissance de tutelle. Mieux, elle permettrait enfin au Mexique, tourné vers le nord, de regarder au sud et de rejoindre les pays frères.
En phase avec le discours « trumpien », le pari de Rafael Correa est néanmoins tombé à contretemps. Politiquement, la vague présidentielle des gauches des années 2000, elle-même ponctuée de fortes poussées protectionnistes, a marqué le pas. Le chapitre s’est en grande partie achevé sur l’élection du très libéral Mauricio Macri en Argentine, en décembre 2015, et la destitution – ou coup d’État institutionnel – de l’héritière de Lula, Dilma Rousseff, au Brésil, en août suivant. Or, pressés de resserrer les liens économiques avec le grand voisin américain qui demeure leur premier client, les nouveaux gouvernements latino-américains ont été pris de court par le discours de fermetur...