Comme chaque année depuis maintenant presque 10 ans en France, le régime général de la Sécurité sociale (qui couvre quatre grands types de risques : famille, accidents du travail et maladies professionnelles, vieillesse et maladie) sera déficitaire en 2011, affichant un « trou » de l’ordre de 23 milliards d’euros. C’est moins que prévu initialement par le gouvernement français, mais cela implique sans aucun doute de nouvelles mesures d’économies. Parmi celles annoncées fin septembre dernier par le gouvernement, un plan d’économies de 2,5 milliards d’euros est envisagé concernant la branche de l’assurance maladie (dont le déficit devrait avoisiner 12 milliards d’euros), un plan qui fait suite à plusieurs autres, antérieurs, qui ont commencé à modifier la physionomie du système de santé français, avec de possibles conséquences sur les principes de base qui prévalent en matière d’assurance maladie.
Didier Tabuteau, spécialiste des questions de santé et de sécurité sociale, présente ici les grandes tendances récentes d’évolution de l’assurance maladie en France, ses perspectives d’avenir et les conséquences qui peuvent en résulter pour les citoyens. Il rappelle tout d’abord le changement de paradigme qui s’est opéré, sous l’effet notamment de la mondialisation, renforçant peu à peu la pression en faveur d’une privatisation du système et poussant les acteurs de l’assurance maladie à se transformer. Puis il montre dans quelle mesure les fondements de l’assurance maladie « à la française » sont aujourd’hui menacés, par exemple par la tendance à la « responsabilisation » croissante des assurés sociaux, qui tend à retarder l’accès aux soins des personnes modestes, ou encore par la remise en cause du principe pourtant essentiel de solidarité (avec un glissement progressif de la couverture sociale vers les complémentaires santé).
De telles évolutions sont considérables et pourraient changer radicalement le visage de la protection sociale en matière de santé. Elles ne sauraient donc, comme le souligne ici Didier Tabuteau, s’opérer sans un large débat politique démocratique mettant à plat les défis du secteur de la santé, et les moyens d’y faire face sans sacrifier le contrat social qui prévaut en France.
L’avenir de l’assurance maladie. Un enjeu politique majeur pour la France
Cet article fait partie de la revue Futuribles n° 368, nov. 2010