L’ère du pétrole bon marché semble toucher à sa fin et l’épuisement des ressources fossiles fait partie des scénarios possibles, pour ne pas dire probables, à l’horizon d’un demi-siècle, comme l’a montré le numéro spécial de Futuribles » Perspectives énergétiques et effet de serre » en janvier 2006. Si l’on ajoute à cela la nécessité de réduire les émissions de dioxyde de carbone dans un contexte de réchauffement climatique, il est grand temps, dans les pays développés, de réfléchir aux alternatives possibles aux énergies fossiles.
En France, une équipe d’EDF-R&D s’est penchée sérieusement sur cette question et a construit un scénario d’évolution vers des bâtiments (des secteurs résidentiel et tertiaire) ne faisant pas appel aux énergies fossiles, à l’horizon 2050. Ils présentent ici leur scénario, les hypothèses retenues (et les raisons de ces choix) et la stratégie requise pour y parvenir.
Après un état des lieux de la situation actuelle des bâtiments en France, dans le domaine énergétique, les auteurs détaillent leurs recommandations visant à améliorer l’isolation, l’efficacité énergétique, et le recours aux énergies renouvelables dans le bâti neuf et en rénovation. Ils montrent ainsi qu’en mettant en oeuvre les actions qu’ils préconisent, la France pourrait ne plus recourir aux énergies fossiles dans le bâtiment sans augmenter de façon significative la demande d’électricité, en réduisant, de surcroît, ses émissions de CO2 de 90 millions de tonnes par an. Ils soulignent enfin qu’une telle mutation est crédible à l’horizon 2050 : le secteur du bâtiment pourrait techniquement se passer des combustibles fossiles grâce à des économies d’énergie, un peu d’électricité et de biomasse supplémentaires, mais à condition de proposer des instruments financiers adaptés (pour inciter les ménages à investir davantage en ce sens).
Le bâtiment sans énergies fossiles ? Les bâtiments pourront-ils se passer des énergies fossiles en France à l'horizon 2050 ?
Cet article fait partie de la revue Futuribles n° 343, juil.-août 2008