En 1951, un Japonais adressa au général Mac Arthur un manifeste » Ce que les Japonais pensent’ , pour exprimer son opposition à une politique de soumission à l’égard des États-Unis, en soutenant qu’elle constituait une menace pour la souveraineté de son pays. C’était Yasushiro Nakasone.
En 1989 le président de Sony, Akio Morita, et le député Shintaro Ishihara livrent au public un opuscule » Un Japon qui peut dire non « . Le manifeste a un immense succès – plus d’un million d’exemplaires sont vendus. Les auteurs refusent de le voir traduit aux États-Unis. Il paraît en 1990 en édition modifiée pour le public américain que l’on voulu ménager dans sa sensibilité. Cette édition ad usum delphini, expurgée, est donc différente du texte intégral, traduit et diffusé par les services spéciaux américains. Ces faits sont connus, il reste à les situer dans leurs perspectives historiques.
Les Américains furent et demeurent choqués par ce petit livre dont l’argument se résume en deux propositions : le Japon a désormais le droit :
1) de parler d’égal à égal aux États-Unis, de redéfinir le » Nichibei » et le partage des responsabilités internationales ;
2) de préciser sa destinée de puissance asiatique.
Sous ces questions apparaissent en transparence deux problèmes : à savoir le droit pour le Japon de recouvrer sa pleine souveraineté d’une part et, d’autre part, d’abandonner une constitution imposée par les Américains et empêchant le japon de s’armer. La constitution de 1947 ayant traduite de l’américain, comme celle de 1889 de l’allemand, est-il étonnant que certains japonais demandent aujourd’hui une Constitution » japonaise » ?
L'émancipation du Japon et la re-naissance de l'Asie
Cet article fait partie de la revue Futuribles n° 154, mai 1991