Notre société change vite. Ses transformations s’appuient, entre autres, sur l’essor des nouvelles technologies de l’information et de la communication (NTIC). C’est cette dynamique qu’analyse pour nous, ici, François Ascher.
En effet, nous dit-il, avec Internet, beaucoup de nouveaux possibles sont évoqués ici et là. Or, si pour certains, les évolutions techniques n’entraînent pas de substantielles mutations sociales, selon lui, la force et la vitesse de pénétration des NTIC s’accompagnent de transformations profondes de nos modèles sociaux et culturels.
La nouvelle modernité qui émerge, qu’il appelle la société hypertexte par analogie au système interactif d’Internet, s’appuie sur l’économie cognitive et se caractérise par plus d’individualisation, de rationalisation et de différenciation sociale. Ces individus » pluriels « , » multi-appartenants « , agissent de façons différenciées et leurs nouveaux modes de pensée et de fonctionnement engendrent de nouveaux liens sociaux, de nouvelles solidarités, voire aussi des dysfonctionnements.
Ensuite, l’auteur nous explique que ce processus de modernisation en cours nécessite un aggiornamento des conceptions de la démocratie, des projets politiques et de l’action publique. Plus complexe, plus procédurale, la nouvelle démocratie sera d’autant plus efficace qu’elle sera plus réflexive, plus » compréhensive » et délibérative, préférant la gouvernance interactive aux méthodes traditionnelles de gouvernement. Saura-t-elle enseigner la tolérance, l’éthique, la justice et l’hospitalité, redéfinir les notions de solidarité et de responsabilité, construire des compromis durables, agir du plus local au plus global ?
Selon François Ascher, les nouvelles dynamiques de gouvernance territoriale, l’émergence de scènes politiques supranationales et d’organisations multinationales, permettent d’être optimiste, si toutefois, précise-t-il, les acteurs modernes ont le sentiment qu’ils peuvent maîtriser leur avenir.
L'émergence de la société hypertexte
Cet article fait partie de la revue Futuribles n° 275, mai 2002