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L'empreinte écologique : un indicateur ambigu

Cet article fait partie de la revue Futuribles n° 334, oct. 2007

Célèbre est devenu le concept d’empreinte écologique qui se présente comme un indicateur composite supposé nous renseigner sur l’espace utilisé par les hommes pour produire les ressources qu’ils consomment et les déchets qu’ils rejettent, le mettre en regard de la capacité écologique de la planète (la biocapacité), donc le revenu écologique à disposition des hommes. Lorsque l’empreinte écologique excède la biodiversité, cela signifie que la planète est en danger. Le succès de cet indicateur élaboré par le Global Footprint Network (GFN) tient sans doute aux conclusions sensationnelles qui se dégagent des calculs effectués : par exemple, la propagation à la planète du mode de vie nord-américain exigerait à elle seule cinq planètes…
Il est donc important de comprendre comment a été élaboré cet indicateur, quelle est sa fiabilité et quels enseignements peuvent en être tirés en vue de l’adoption d’une politique de développement durable. Tel est le premier objectif de cet article qui en explique la philosophie, montre comment est conçu cet indicateur et comment sont opérés les calculs.
Mais les auteurs ne s’arrêtent pas là. Ils rappellent certaines impasses faites consciemment par le GFN, puis les critiques déjà adressées à cet indicateur qui, précisément en raison de son caractère composite, agrège des données hétérogènes et procède à des calculs et des pondérations sujets à caution dont les enseignements sont donc contestables ? par exemple lorsqu’il suggère que certains pays auraient intérêt à remplacer leurs forêts pour accroître les surfaces cultivables, alors même que l’espace bâti (amputant lui aussi des terres arables) n’est absolument pas remis en question.
Au-delà même de ces réserves, les auteurs prolongent et approfondissent la critique de l’empreinte écologique. Ainsi soulignent-ils, par exemple, que l’empreinte carbone compte pour la moitié de l’empreinte totale et que, si on se contentait de mesurer celle-ci en quantité physique plutôt qu’en usant d’un artefact (l’hectare global), le calcul serait sans doute plus robuste et les conclusions non moins alarmistes puisqu’il faudrait cette fois 11 planètes si d’aventure le mode de vie nord-américain devait s’étendre au monde entier.
Même s’il peut paraître parfois un peu ardu, cet article est à lire absolument car ses auteurs y mettent en évidence un certain nombre de problèmes majeurs que nul ne saurait ignorer.

#Environnement #Indicateurs
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