La France, comme de nombreux autres pays industrialisés, se trouve confrontée à des déséquilibres budgétaires d’une ampleur inédite en temps de paix : n’ayant enregistré aucun excédent budgétaire depuis 35 ans et ayant subi, comme les autres, les effets de la crise financière et économique amorcée en 2008, son déficit public dépasse, en 2009, sept points de produit intérieur brut (PIB) et le montant de sa dette les 78 % (alors que, selon les critères de Maastricht, les déficits publics sont supposés demeurer en deçà de 3 % de PIB et la dette publique ne pas dépasser 60 % du PIB). Alexandre Siné avait déjà tiré la sonnette d’alarme dans les colonnes de Futuribles en 2005. Mais la situation, depuis lors, n’a cessé de se dégrader pour s’approcher dangereusement du seuil critique qui, pour la dette, se situerait aux alentours de 100 % du PIB.
Certes, la France n’est pas le seul pays industrialisé connaissant une telle situation. Mais, comme l’expliquent ici Carine Bouthevillain et Gilles Dufrénot, à la différence d’autres pays, son déficit, plutôt que résulter d’investissements productifs, finance des dépenses courantes. En outre, contrairement à l’Allemagne ou au Royaume-Uni, l’État se révèle incapable de contrôler ses dépenses, et la France n’est pas non plus dans la situation du Japon qui bénéficie d’une importante épargne intérieure, ou des États-Unis qui bénéficient de facilités de paiement grâce à la Chine et d’autres pays asiatiques. Faut-il donc craindre qu’elle se trouve en cessation de paiement comme la Grèce ou l’Irlande, sinon comme jadis l’Allemagne de Weimar, le Mexique, l’Argentine, la Russie… ?
Les auteurs, après avoir dressé un diagnostic sans complaisance de l’évolution préoccupante des finances publiques, exposent comment certains pays (Canada, pays scandinaves) ont réussi à mettre en place des programmes de désendettement et quelles voies pourrait emprunter la France afin d’assainir sa situation (inflation, augmentation des prélèvements, réduction des dépenses…) sans trop freiner l’indispensable reprise de l’économie.