À trois reprises, les jeunes se sont imposés en France comme acteurs de mouvements de protestation ou/et de revendication de masse (1986, 1990, 1994). Cette émergence d’acteurs sociaux nouveaux a inauguré l’apparition puis le développement d’une nouvelle structure d’action – la coordination – qui, non seulement marque un changement très important dans les paramètres de l’action collective, mais exprime des transformations toutes aussi significatives dans l’univers des valeurs.
Mais les jeunes ne sont pas que des acteurs occasionnels : ils revendiquent ou espèrent aussi une reconnaissance authentique de leur place qui leur est précisément le plus souvent refusée. D’où une crise de la jeunesse, symptôme d’une crise de la société qui oscille entre des risques d’implosions et des risques d’explosion multiples. Les jeunes nous rappellent alors qu’il est nécessaire de construire une autre société fondée sur une autre éthique et sur d’autres rapports sociaux, société qui reconnaîtrait à l’être humain à la fois son individualité et sa socialité. Ainsi se dessine une sortie possible des crises, autour de ce nouvel agir et comprendre ensemble que constitue le système de la coaction.
Les jeunes et le changement social. De la nécessité de construire une autre société
Cet article fait partie de la revue Futuribles n° 219, avr. 1997