La dimension sociale est souvent considérée comme le parent pauvre de la construction européenne. D’une part, les avancées de l’Union européenne en matière de politique sociale passent souvent inaperçues aux yeux des citoyens ; d’autre part, la grande diversité des systèmes de protection sociale, de formation professionnelle, de droits sociaux, de politiques salariales, etc., rend très difficile la mise en place de règles communes dans une Union à 27. Néanmoins, la Présidence française de l’Union européenne s’était donné pour objectif, en 2008, de relancer l’Europe sociale. Était-ce totalement utopique ? Les Européens sont-ils prêts à faire entrer le « social » dans la sphère de leurs politiques communes ?
Jean-Claude Barbier montre ici combien il est difficile de concilier la diversité des Européens et l’intégration des politiques sociales. Outre les obstacles linguistiques, demeurent des difficultés liées au sentiment d’appartenance nationale, à l’inscription territoriale des administrations et organismes sociaux, à la place essentielle qu’occupe la protection sociale dans la vie démocratique en Europe et à la légitimité que conservent les États, aux yeux de leurs ressortissants nationaux, dans l’organisation de cette protection et de la solidarité face aux risques sociaux? De manière générale, souligne l’auteur, les communautés politiques nationales demeurent très fermées quand il s’agit de prendre des décisions sociales importantes.
Néanmoins, dans le contexte actuel de crise économique, la situation pourrait évoluer, et des trois scénarios d’avenir proposés par Jean-Claude Barbier – le statu quo, le renforcement de l’Europe sociale en réponse aux conséquences de la crise, et la liquidation de l’Europe sociale – c’est peut-être bien celui d’une relance de la politique sociale européenne qui pourrait prévaloir.
Les limites de l'Europe sociale. Concilier respect de la diversité et intégration des politiques sociales
Cet article fait partie de la revue Futuribles n° 352, mai 2009