Voici maintenant cinq ans, en janvier 2006, Futuribles consacrait un gros numéro spécial aux perspectives énergétiques et à l’effet de serre (n° 315). L’heure était déjà à l’inquiétude et plusieurs articles analysaient les sombres perspectives d’évolution des ressources énergétiques et la problématique du changement climatique. Parmi eux, un article de Jean Laherrère présentait les perspectives d’évolution des ressources pétrolières, montrant à quel point les informations dans ce domaine étaient disparates, peu fiables, voire sujettes à caution car souvent très politiques. Appartenant plutôt à la mouvance pessimiste en la matière, il rappelait l’imminence d’un peak oil (prélude à un déclin plus ou moins rapide de la production mondiale de pétrole) et la nécessité de revoir nos modes de consommation pour s’adapter à une nouvelle ère où l’énergie se raréfiant, elle coûtera de plus en plus cher.
Cinq ans plus tard, Jean Laherrère reprend la plume dans ces colonnes, à l’occasion d’un nouveau numéro spécial consacré à l’énergie et au climat, pour faire le point sur les perspectives d’évolution de la production de pétrole et de gaz dans le monde. Il commence par rappeler combien les informations en la matière demeurent politiques et peu fiables selon les sources, les unités de mesure utilisées, etc. Il souligne aussi que pour beaucoup d’experts, le peak oil a été atteint en 2006 et que nous sommes donc en haut du plateau, juste avant le déclin (progressif ou brutal selon que seront prises ou non des mesures de contraintes économiques) de la production pétrolière. La production de gaz, elle, devrait plafonner vers 2025-2030 : Jean Laherrère précise quelles sont les réserves, les modes d’exploitation et de commercialisation existants, et les perspectives de production en découlant à plus long terme (il montre aussi combien se sont révélées fausses, jusqu’ici, les prévisions relatives à l’évolution du prix du gaz).
Comme y insiste l’auteur en conclusion, pour le pétrole comme pour le gaz, il faut prendre conscience que le monde ne dispose pas de ressources infinies et que, les alternatives ne permettant pas, pour l’heure, de compenser les manques à venir en termes de ressources énergétiques, c’est désormais aux individus de se préparer à l’entrée dans l’ère de la sobriété énergétique.