Ni le taux de chômage ni le taux d’activité ne rendent compte correctement de la véritable situation de l’emploi ; a fortiori de la proportion d’actifs occupés par rapport à la population totale et donc de la charge qui pèse sur les premiers. Achille Seghin invite à considérer plutôt le taux d’occupation calculé en rapportant la population effectivement occupée à la population d’âge actif (15-64 ans). A l’aune de cet indicateur, il montre combien la situation de l’emploi est différente d’un pays à l’autre et combien, au fil du temps, elle s’est détériorée dans l’Europe des six alors qu’elle progressait dans les pays scandinaves, aux États-Unis et au Japon. En outre, il montre que – contrairement à une idée très répandue – les emplois masculins et féminins, à temps partiel et à temps plein, ceux des jeunes et des vieux, ne sont pas concurrents. Et qu’il est donc absurde de prétendre substituer les uns aux autres…
Calculant ensuite quelle est la proportion d’actifs dans la population totale, il montre que les performances varient considérablement d’un pays à l’autre (de 37 % en Belgique à 51 % au Danemark) induisant un « rapport de charge » tout différent qui, selon son niveau, détermine la capacité de financement des systèmes de protection sociale.
Pour A. Seghin la détérioration des taux d’occupation et des taux de charge constitue un défi majeur. Pour le relever, point ne suffit de réduire le chômage : il faut développer l’emploi dans le secteur marchand, qu’importe sa répartition.
Les taux d'occupation en Europe. Le choix des indicateurs pertinents
Cet article fait partie de la revue Futuribles n° 198, mai 1995