Les questions migratoires font régulièrement la une de l’actualité en Europe, avec notamment l’entrée irrégulière d’immigrants via l’archipel espagnol des Canaries. L’objectif affiché des États membres de l’Union européenne, à cet égard, est d’endiguer les flux migratoires en provenance du Sud ou, dans le meilleur des cas, de pratiquer » une immigration choisie » (Nicolas Sarkozy).
Une autre approche est possible selon Antoine Pécoud et Paul de Guchteneire : celle des » migrations sans frontières « , autrement dit de la libre circulation généralisée des personnes à travers le monde. En effet, affirment-ils, dans une économie de plus en plus mondialisée où les échanges internationaux de biens et services sont en hausse continue, il devient de plus en plus paradoxal de ne pas » libérer » la circulation des individus. D’autant, ajoutent les auteurs, que les restrictions à l’immigration de personnes, sont, sur le plan juridique, potentiellement contraires à la Déclaration universelle des droits de l’homme selon laquelle émigrer est un droit.
Cet article présente, en premier lieu, l’évolution contemporaine des contrôles migratoires et les éléments en faveur des migrations sans frontières, avant de décrire plus précisément les aspects éthique, économique, social et pratique de la mise en oeuvre de la libre circulation des personnes. Il s’inspire largement d’un projet d’études mené à l’UNESCO sur cette question et de la littérature existante sur le sujet. Même si la thèse avancée peut paraître utopique, elle a le mérite de poser un certain nombre de questions qui, n’en doutons pas, se poseront avec de plus en plus d’acuité dans les années à venir.
Migrations sans frontières. Peut-on envisager la libre circulation des personnes ?
Cet article fait partie de la revue Futuribles n° 333, sept. 2007