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Patriotisme économique : une satire de 1845. Une pétition des producteurs de lumière

Cet article fait partie de la revue Futuribles n° 323, oct. 2006

Plombier polonais, aciériste indien, électricien italien… : pas un mois ne passe sans que résonnent des hurlements inquiets de protecteurs zélés de l’industrie française. La mondialisation qui crée de la croissance n’avait (presque…) que des partisans : les acquisitions à l’étranger par des entreprises françaises provoquent force cocoricos et les  » coqs  » évoquent, le torse bombé, la compétitivité des entreprises nationales. Mais que la réciproque devienne monnaie courante et le ton change.
Depuis quelque temps, les Jeanne d’Arc de l’économie française assiégée ont entendu une nouvelle voix. Pendant longtemps, l' » intelligence économique  » fut synonyme d’espionnage et d’officines  » barbouzardes « , et les Français se comportaient comme des antilibéraux dans leurs frontières et comme des libéraux acharnés à l’extérieur, à l’inverse du comportement des Anglo-Saxons. Aujourd’hui, quel retournement de situation !
À tous les niveaux, dans tous les partis, on ne parle que de guerre et de patriotisme économiques, souvent sans aller au-delà du slogan facile. Et voilà Danone devenue entreprise stratégique et un Indien vivant à Londres (L. Mittal) devenu le symbole d’une déferlante d’autant moins fair-play qu’elle vient de pays  » en développement  » : quelle honte ! Nouvelle lubie ? Vieille lune en fait, comme nous le montre cette satire de Frédéric Bastiat, héraut du libéralisme, qui raillait, dès 1845, cette tentation française de casser les règles du jeu lorsqu’elles ne conviennent plus au pays, même s’il n’en a pas les moyens.

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