Prix Nobel d’économie en 2002, le psychologue Daniel Kahneman a contribué à des avancées notables de la théorie économique par ses travaux sur la « théorie des perspectives », à la base de l’économie comportementale, et plus récemment par ses travaux sur l’économie du bonheur. Dans un ouvrage paru en 2011 aux États-Unis, Thinking, Fast and Slow, il présente, de manière très concrète, l’essentiel de ses analyses et théories.
Charles du Granrut a lu cet ouvrage pour Futuribles et nous en propose ici une recension critique. Il présente en premier lieu les deux grands modes de pensée des individus tels que les conçoit D. Kahneman : rapide et intuitif, et /ou lent et rationnel, avant de rappeler les principaux « biais cognitifs » susceptibles, selon l’auteur, d’altérer leur raisonnement (erreurs, incohérences, préjugés, effet halo…). Charles du Granrut énonce ensuite les différentes critiques qui ont pu être formulées à l’égard de cette analyse du processus de décision. Puis il décrit la théorie des perspectives de D. Kahneman et l’application qui en a été faite dans le cadre du « paternalisme libéral » au travers des « nudges » (mesures « coups de pouce »). Enfin, il précise l’apport des analyses de D. Kahneman sur la perception du bonheur par les individus, non seulement dans le domaine économique, mais aussi et surtout dans le champ des politiques publiques. In fine, les travaux de D. Kahneman sont dorénavant souvent intégrés à la théorie économique traditionnelle, et permettent à tout un chacun de prendre conscience des différents biais inhérents au mode de pensée humain (et donc, éventuellement, de s’en prémunir).