La France devra-t-elle – doit-elle – recourir à l’immigration pour faire face à ses besoins de main-d’oeuvre dans certains secteurs soumis à des difficultés de recrutement ? C’est une solution fréquemment avancée lorsqu’on évoque la possibilité de pénuries de main-d’oeuvre, par exemple dans le bâtiment-travaux publics, l’hôtellerie-restauration ou les services d’aide à la personne. Pourtant, nous dit ici Alain Parant, la situation démographique atteste que le pays n’est pas en manque de main-d’oeuvre mais, bien au contraire, en panne d’emploi.
L’auteur présente ainsi la position de la France en termes de taux d’emploi (part des personnes en âge de travailler disposant effectivement d’un emploi), comparée aux principaux pays développés : une position plutôt médiocre, et encore plus dégradée s’agissant des jeunes et des seniors. Une telle faiblesse des taux d’emploi fait que la France dispose aujourd’hui d’une réserve de main-d’oeuvre très importante. Projections démographiques à l’appui, Alain Parant montre que cette réserve de main-d’oeuvre ne devrait pas se tarir, loin s’en faut, d’ici 2050. Et même si le sous-emploi français s’accompagne de pénuries de main-d’oeuvre sectorielles, comme c’est déjà le cas aujourd’hui, nous dit-il, la solution ne réside sans doute pas dans l’immigration choisie (le modèle britannique a ses limites…) mais bien dans un effort d’anticipation des besoins et des compétences requises pour y faire face.
Pénuries de main-d'œuvre en France. Immigration : la fuite en avant ?
Cet article fait partie de la revue Futuribles n° 343, juil.-août 2008