Pierre Piganiol est mort à Paris le 27 janvier 2007 alors qu’il venait d’avoir 92 ans. Pour tous ceux qui l’ont connu, qui s’intéressent à la politique de la recherche et, plus généralement, à l’avenir de la planète et de l’humanité, c’est une perte immense.
Normalien, agrégé de chimie, il consacra une grande partie de sa vie à la recherche, notamment depuis 1947 à la Compagnie de Saint-Gobain, d’où il fut détaché (1958-1961) pour devenir délégué général à la recherche scientifique et technique. Ainsi, à la demande expresse du général de Gaulle, il préside le Comité consultatif de la recherche scientifique et technique (CCRST), qu’il transforme rapidement en Délégation générale à la recherche scientifique et technique (DGRST), instance interministérielle spécialement dédiée au développement de la recherche scientifique et technique, et dont la vocation était d’associer étroitement la communauté scientifique à la résolution des problèmes généraux de la nation. C’était bien avant que ne fût instauré, en France, un ministère de la Recherche et, à maints égards, une institution qui, de manière autrement plus utile et efficace, joua en France un rôle pionnier.
Sans aucune ambition de pouvoir mais animé d’une intelligence et d’une vitalité extraordinaires, cet homme, dont la culture était encyclopédique et la générosité humaine immense, n’a cessé de travailler pour le progrès des sciences au service de la société. Président du conseil d’administration de l’Institut national de la recherche agronomique (INRA), de 1965 à 1972, et de très nombreuses autres instances, il fut également président de l’association Futuribles International de 1972 à 1976 dont il me confia les fonctions de délégué général de l’association.
Cet homme, animé d’une curiosité et d’une rigueur peu courantes, a joué en France et dans de très nombreuses institutions internationales, ainsi que dans un certain nombre d’associations telles que le Mouvement universel pour la responsabilité scientifique (MURS), et bien entendu dans le développement de l’association Futuribles International (ainsi d’ailleurs que dans le développement du musée des Arts et Métiers), un rôle immense, sa perspicacité et son extraordinaire compétence n’ayant d’égales que la bonté et la modestie qui toujours furent les siennes.
C’était un maître et un ami dont je ne peux évoquer la mémoire sans penser à sa femme, Monique, tant ils incarnaient ensemble l’harmonie et l’insatiable désir de progrès dans l’homme et pour les hommes.
Pierre-Frédéric Ténière-Buchot qui, comme moi, eut le privilège d’accompagner Pierre Piganiol en maintes circonstances, lui rend ici hommage.
Pierre Piganiol (1915-2007)
Cet article fait partie de la revue Futuribles n° 328, mars 2007