Quel avenir pour la Chine ?

Forte d’une croissance économique de l’ordre de 8 % par an depuis plus de 20 ans, la Chine fait régulièrement la une des journaux occidentaux. L’émergence de ce géant démographique sur la scène économique mondiale et son entrée en scène géopolitique, après des années d’isolement délibéré, suscitent un certain nombre de craintes – pour le moins rationnelles vu la stature de ce nouveau concurrent. Qui plus est, de plus en plus d’entreprises multinationales (originaires des États-Unis ou d’Europe, pour certaines) choisissent de délocaliser leurs activités de production dans ce pays où la main-d’oeuvre est bon marché et peu regardante s’agissant de la protection sociale offerte. La Chine serait donc en passe de devenir l' » usine du monde « .
Tout cela signifie-t-il que son avenir est tout tracé et son entrée dans le monde des grandes puissances industrialisées garantie ? La Chine restera-t-elle sur cette pente ascendante malgré le dirigisme qui anime son système politique ? N’y a-t-il pas de réels risques de rupture ? Quels sont-ils et que pourrait-il en résulter ?
Telles sont quelques-unes des questions soulevées dans ce dossier spécial que la revue Futuribles consacre à la Chine ; un dossier réalisé par les membres d’Asie 21, un groupe d’étude consacré à l’avenir de l’Asie qui se réunit depuis plusieurs années au sein du groupe Futuribles.
Dans ce premier article, Michel Jan nous offre un panorama général de la Chine et de ses perspectives à l’horizon 2020-2025. Il nous présente tout d’abord les objectifs de croissance du pays à cet horizon, ainsi que les conséquences, notamment sociales et politiques, qui pourraient découler de leur concrétisation. Viennent ensuite les diverses options stratégiques qui s’offrent au pouvoir chinois pour maintenir son rang (en particulier une certaine ouverture à l’international). Enfin, Michel Jan nous propose un éventail de scénarios d’avenir pour la Chine (de la continuité à la démocratisation plus ou moins forte, en passant par l’effondrement) ; le plus probable étant, selon lui, celui du prolongement de la situation actuelle (à savoir un pays verrouillé par un régime autoritaire), ponctué de moments de  » répit social  » inévitables pour éviter l’implosion, mais ne lui permettant pas de retrouver son rang de puissance dominante avant longtemps.