L’OCDE, qui fêtera son 100e anniversaire en 2061, vient de publier un scénario tendanciel qui imagine l’évolution de l’économie mondiale à cet horizon. Selon les experts de l’organisation, le ralentissement de la croissance économique pourrait se poursuivre à l’avenir : ils anticipent une baisse régulière et continue des taux de croissance moyen à l’échelle mondiale, qui passerait de 3,6 % en 2010 à 2,4 % en 2060. Étonnamment, l’organisation estime cependant que ce taux pourrait rester inchangé dans la zone euro, à 1,5 % par an en moyenne. Les experts considèrent aussi que le PIB (produit intérieur brut) par habitant pourrait continuer à croître dans les pays en développement.
Ils anticipent une poursuite de la mondialisation de l’économie, la part des exportations dans le PIB mondial passant de 20 % en 2010 à près de 35 % en 2060. Le commerce serait plus multipolaire, avec un poids quasiment équivalent des pays aujourd’hui développés, en développement et peu développés. La coopération entre les pays deviendra donc à la fois plus nécessaire et plus difficile compte tenu de la concurrence croissante entre les pays.
La croissance économique mondiale sera notamment pénalisée par le vieillissement de la population, y compris dans les pays en développement. Dans ce nouveau contexte, les mesures pour accroître la population active, l’éducation et l’innovation deviendront selon les experts de l’OCDE les principaux moteurs de la croissance économique mondiale.
Par ailleurs, la lutte contre les inégalités socioéconomiques et la protection de l’environnement deviendront rapidement des priorités pour les acteurs économiques et les responsables politiques. En effet, les inégalités pourraient s’accroître entre les populations très qualifiées répondant aux exigences du marché du travail, et ceux qui seront moins armés pour s’y adapter. Parallèlement, le changement climatique pourrait réduire le PIB mondial d’1,5 % en moyenne (5 % en Asie du Sud-Est) si les émissions de CO2 ne diminuent pas.
Les prévisions économiques de long terme sont toujours un exercice périlleux. Néanmoins, les tendances lourdes sur lesquelles elles reposent peuvent en tout cas amener à s’interroger sur la pertinence de continuer à considérer la croissance du PIB comme le principal indicateur de développement et de dynamisme des économies.
OCDE (Organisation de coopération et de développement économiques), « Les grands enjeux des 50 prochaines années : un nouveau virage à prendre », note de politique économique, n° 24, juillet 2014, 19 p. URL : http://www.oecd.org/economy/lookingto2060.htm