Confrontés aux chocs énergétiques, la France, l’Italie, le Japon et l’Allemagne ont chacun adopté une politique différente : d’une part en se dotant plus ou moins d’une capacité d’auto-approvisionnement (ainsi la France avec son parc électronucléaire et l’Allemagne avec le charbon par opposition à l’Italie et au Japon) ; d’autre part en abaissant dans des proportions fort diverses le contenu énergétique du PIB (découplage énergie/croissance) et plus spécifiquement de l’industrie. Plus fondamentalement, les auteurs montrent que la France a traité le choc pétrolier frontalement (priorité à l’offre nationale, effort d’économie d’énergie), tandis que l’Allemagne a adopté une stratégie de contournement (accumulation d’excédents commerciaux contre-balançant la facture énergétique) et que l’Italie et le Japon ont adopté une stratégie de mouvement (indirectement par les restructurations industrielles, directement en jouant sur le taux de change).
Les auteurs étudient les effets de ces différentes options mais surtout ils analysent – et là, d’une certaine manière, les chocs énergétiques ne sont qu’un prétexte – comment peuvent être expliquées ces différentes options ou, plus précisément, quels sont les critères qui ont présidé aux décisions. Leur conclusion est claire : « le futur est moins déterminé par des contraintes technico-économiques que par le jeu des acteurs et leur capacité à s’entendre sur des conventions communément acceptées pour résoudre une controverse et légitimer un projet ». Mieux encore, disent-ils, « toute société réagit en fonction des codes qu’elle a appris pour recevoir un message (…) et ces coûts d’information constituent typiquement un investissement irréversible… »
Quelles politiques face aux chocs énergétiques. France, Italie, Japon, RFA : quatre modes de résorption des déséquilibres
Cet article fait partie de la revue Futuribles n° 189, juil.-août 1994