En février 2021, Météo France, l’Institut Pierre-Simon Laplace et le Centre européen de recherche de formation avancée en calcul scientifique ont produit un rapport de mise à jour des projections du réchauffement climatique en France pour trois horizons : 2050, 2070 et 2100. Présentant trois scénarios, il vient bouleverser les simulations précédentes et annonce un futur plus sombre que prévu pour l’Hexagone.
Il s’appuie, en effet, sur les scénarios du GIEC (Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat) qui prennent en compte les effets des émissions de gaz à effet de serre en fonction de l’adoption, ou non, de politiques de réduction de ces émissions plus ou moins volontaristes. Mais il y ajoute de nouvelles méthodes de modélisation et est le résultat de millions de calculs brassant jusqu’à 20 pétaoctets de données. Ces calculs ont été réalisés sur la plate-forme Climeri-France, qui agrège les travaux d’une trentaine de centres climatiques dans le monde. Ce travail d’envergure a mobilisé une centaine de scientifiques de tous domaines (océanographes, glaciologues, etc.), qui ont mis à contribution leur expertise pour enrichir et affiner les scénarios, y compris aux échelles locales.
Le rapport propose bien une trajectoire optimiste, avec une neutralité carbone française atteinte en 2070. Mais il alerte sur l’inéluctabilité des bouleversements à venir. Ainsi, quoi qu’il arrive, la dégradation de l’environnement sera importante, les événements extrêmes multipliés (précipitations violentes, inondations, sécheresses…). Par exemple, les canicules seront plus nombreuses et plus intenses, quelle que soit la trajectoire. Le nombre de jours de vague de chaleur pourrait être multiplié par deux dans le scénario le plus optimiste.
Quant aux trajectoires les moins ambitieuses (réduction des émissions seulement à partir de 2050 ou passivité par rapport à la situation actuelle), leurs conséquences sont pour le moins dramatiques. Dans le cas où rien ne changerait en matière d’émissions de gaz à effet de serre, la température pourrait augmenter de 3,9 °C en 2100 par rapport à la période de référence 1976-2005, soit jusqu’à + 6 °C l’été dans certaines régions françaises. Ces projections sont bien plus alarmantes que celles auxquelles elles succèdent.
Autre point marquant, ce document met en évidence l’inégalité forte des territoires face à ces risques. Les experts y tracent une diagonale sud-est / nord-ouest avec de fortes disparités entre les régions. Les Alpes, les Pyrénées, l’arc méditerranéen, le couloir rhodanien et la vallée de la Garonne seront bien plus durement touchés que l’aire reliant la Bretagne aux Hauts-de-France. La différence de température pourrait excéder 1 °C entre ces deux zones.
Ce rapport, qui a pour vocation d’alimenter la prochaine publication du GIEC, elle aussi prévue en 2021, alerte une fois encore sur l’urgence de la situation. Il rappelle l’absolue nécessité de mettre en place dès à présent des stratégies d’adaptation aux risques, calibrées en fonction des territoires, mais aussi des secteurs d’activités.
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Sources : Drias-Les Futurs du climat. URL : http://www.drias-climat.fr/ ; Frémont Anne-Laure, « Réchauffement climatique : les prévisions alarmantes de Météo France », Le Figaro, 1er février 2021. URL: https://www.lefigaro.fr/sciences/rechauffement-climatique-les-previsions-alarmantes-de-meteo-france-20210201 ; Météo France. URL : https://meteofrance.com/changement-climatique/quel-climat-futur/nouvelles-simulations-du-climat-quel-rechauffement-en-2100. Consulté le 23 février 2021.