Le développement des modèles économétriques a créé l’illusion qu’on pouvait désormais émettre des prévisions économiques fiables. Ainsi quelques universitaires ont-ils, au cours de la décennie passée, fait de l’économétrie une industrie florissante : data Resources Inc ., Chase Econometrics, Wharton Econometric Forecasting Associates… Mais la multiplication des erreurs de prévision – due pour partie au fait qu’on attendait de l’économétrie plus qu’elle ne pouvait donner – a engendré un problème inéluctable de crédibilité.
L’administration Reagan, en imposant à Washington un nouveau modèle fondé sur les thèses de l’économie de l’offre, semble imputer les erreurs des prévisions passées aux théories keynesiennes sur lesquelles sont fondées la plupart des études de l’établishment économétrique.
En attaquant les économètres sur leurs théories économiques, plutôt que de s’attaquer au réductionnisme inévitable de l’économétrie, l’Administration Reagan n’est-elle pas en train de faire l’impasse sur les variables géopolitiques et socio-culturelles qui, par nature, échappent à nos outils de mesure, tout en influant de plus en plus fortement sur l’économétrie ?