Le fameux livre blanc Croissance, compétitivité, emploi, adopté en décembre 1993, prévoyait l’engagement de grands travaux qui devaient, tout à la fois, permettre une relance keynésienne, assurer la cohésion économique et sociale de l’Union européenne et lui permettre d’entrer la tête haute dans le XXIe siècle. Parmi ces grands travaux figurait la réalisation de projets d’infrastructure de transports – déjà inscrite dans le traité de Maastricht – qui devaient, en reliant les régions insulaires, enclavées et périphériques aux régions centrales tout en palliant les « maillons manquants », assurer un harmonieux développement du territoire de l’Union.
Quatorze projets prioritaires ont finalement été adoptés en décembre 1994. Mais, d’une part, leur financement (estimé à 91 milliards d’écus d’ici à 2010) est loin d’être également assuré, d’autre part, – ceci résulte sans doute en partie de cela – les projets les plus avancés semblent plutôt de nature à renforcer le maillage entre les principaux pôles de développement européens que conçus pour réellement assurer la cohésion entre les différents membres de l’Union. Le choix de ces projets – dont l’effet d’entraînement au plan économique et social reste à démontrer – témoignerait-il du consensus qui semble désormais s’établir en faveur d’une Europe à plusieurs vitesses ?
Le réseau européen de transports à l'horizon 2010. " Maillons manquants " et intégration territoriale
Cet article fait partie de la revue Futuribles n° 195, fév. 1995