Rien de la vie des entreprises n’échappe à M. Drancourt, ancien Délégué général de l’Institut de l’Entreprise, qui précise que les prix en termes réels ont toujours baissé, mais que l’accélération de cette baisse est en effet inquiétante dans la mesure où les grands groupes industriels, soit la répercutent sur les petites entreprises sous-traitantes, elles-mêmes plus vulnérables, soit délocalisent leurs production, cette mesure entraînant elle-même la déflation.
Cette baisse des prix qui « prend des allures de forte crise » résulte, selon l’auteur, de la concurrence des pays asiatiques et d’Europe occidentale dont les coûts sont inférieurs aux nôtres et qui, plutôt que d’en tirer profit sur le marché européen, pratiquent la guerre des prix.
La situation serait sans doute différente si la concurrence étrangère était contenue par des droits de douane européens, mais en l’absence de telles protections et en raison de la faiblesse de la demande, les entreprises européennes ne peuvent à leur tour que baisser leurs propres prix, les petits ne pouvant à l’évidence jouer longtemps à ce jeu là…
Cette concurrence pourrait être salutaire si elle amenait les entreprises à réduire leurs coûts, mais toutes ne sont pas également exposées à cette concurrence et celles qui le sont doivent seules supporter la charge de budgets publics qui, eux, ne baissent pas. En d’autres termes, souligne M. Drancourt, si les charges résultant du fonctionnement du secteur public et pesant sur les activités marchandes n’étaient point elles-mêmes allégées, le risque serait grand que toute notre économie soit mise en péril par le jeu d’une concurrence par trop inégale.
La déflation, les entreprises et l'État
Cet article fait partie de la revue Futuribles n° 177, juin 1993