La présente étude se propose de tester l’hypothèse selon laquelle l’ère d’abondance de l’après-guerre a provoqué dans les sociétés occidentales, d’une génération à la suivante, un glissement des valeurs » matérialistes » vers des valeurs » post-matérialistes « , et d’analyser les conséquences de la crise économique qui persiste depuis 1973. Les jeunes sont plus attachés aux valeurs post-matérialistes que leurs aînés. Les données dérivées de séries chronologiques indiquent que ce phénomène reflète beaucoup plus un changement de générations que des effets de période significatifs. En devenant plus âgés, les post-matérialistes quittaient le ghetto universitaire et exerçaient une influence dominante parmi les jeunes technocrates, contribuant ainsi à l’émergence d’une » classe nouvelle « . C’est dans leurs rangs que se recrutent les idéologues et les militants les plus actif des mouvements pour la protection de l’environnement, pour la croissance zéro et contre le nucléaire ; et leur antagonisme à l’encontre de ceux qui donnent la priorité absolue à la réindustrialisation et au réarmement constitue une dimension caractéristique et persistante du clivage politique.
Le post-matérialisme face à la crise
Cet article fait partie de la revue Futuribles n° 58, sept. 1982