De 1954, année où les forces armées japonaises ont été recréées, jusqu’à la fin de la guerre froide, la défense du Japon s’est structurée autour de trois données fondamentales : l’existence d’un ennemi bien identifié, l’URSS ; d’un allié exclusif, les États-Unis, et l’existence de ressources budgétaires abondantes.
Mais ce contexte s’est profondément transformé : l’URSS s’est effondrée et la guerre du Golfe a provoqué un traumatisme profond tout en permettant au Japon de rompre un interdit en envoyant des soldats en mission hors de l’archipel.
Une réflexion intense est maintenant engagée sur la politique de sécurité et de défense du Japon. Elle doit intégrer quatre contraintes incontournables : la priorité à l’alliance avec les États-Unis, la réduction des ressources budgétaires, la méfiance de l’opinion japonaise et celle des pays d’Asie à l’encontre de tout renforcement de l’armée.
La mission fondamentale des « Forces d’Autodéfense » (FAD) est la défense du territoire national contre des agressions extérieures ainsi que contre les risques intérieurs, par exemple en cas de catastrophes naturelles (Kobé). Le Japon a fait à cette fin un important effort d’armement lui permettant d’exercer un pouvoir d’interception contre les agressions extérieures et envisage de se doter d’un pouvoir de dissuasion, sans pour autant que soit levé le tabou nucléaire. Les FAD participent également, depuis 1992, à des missions hors de l’archipel mais dans des conditions très restrictives. Elles se trouvent pour le reste confrontées au défi paradoxal de devoir éventuellement jouer le rôle de gendarme dans la région, tout en privilégiant la construction de relations de confiance mutuelle avec les pays voisins.
L'avenir des forces armées japonaises
Cet article fait partie de la revue Futuribles n° 216, jan. 1997