La France connaît depuis une trentaine d’année une nette désaffection vis-à-vis de l’institution du mariage, moins fréquent et plus tardif (30 % des hommes et des femmes actuellement dans leur trentaine ne se marieront pas). Cette chute inédite et durable de la nuptialité, nous dit Patrick Festy, n’a pas d’équivalent dans l’histoire et résulte de déterminants profonds suffisamment solides pour que cette évolution soit appelée à durer.
La flambée du baby boom des années 1945-1965, nous rappelle l’auteur, s’est doublée d’un marriage boom renforçant les liens nuptialité/fécondité et l’importance de l’institution matrimoniale pour l’enfant. Depuis, des transformations radicales se sont produites : recul du mariage et baisse de la fécondité malgré un doublement des naissances conçues hors du mariage, estimées aujourd’hui à 300 000 par an (60 % ne seraient pas légitimées).
Des études comparatives révèlent que, sur le plan de la nuptialité, si la majorité des pays d’Europe septentrionale ont enregistré une évolution proche de celle de la France, le sud de l’Europe se singularise par la modération des changements en cours. Sur le plan de la fécondité, l’Europe centrale et méridionale a connu des chutes plus profondes que le reste de l’Europe, le déclin de la nuptialité et donc des naissances légitimes n’ayant pas été compensé par des naissances illégitimes.
Sur le plan économique, nous dit l’auteur, les avantages relatifs financiers et matériels qu’offrait le mariage à l’un ou l’autre des conjoints comptent de moins en moins, et la participation des femmes à l’activité rémunérée durcit les effets du divorce. Les changements législatifs, ajoute-t-il, n’ont que peu d’impact sur la filiation et la conjugalité.
Quant à l’instauration, fin 1999, du pacte civil de solidarité (PACS), il suscite de nouvelles interrogations mais, selon l’auteur, » il semble peu vraisemblable que l’incidence sur l’évolution du mariage soit forte « . Pour conclure, ajoute-t-il, » le déclin du mariage est l’élément d’une transition plus large et inachevée qui pourrait conduire à une famille rénovée dans ses rapports entre sexes et entre générations « .
Le déclin du mariage ?
Cet article fait partie de la revue Futuribles n° 255, juil.-août 2000