Jacques Theys présente ici les principaux résultats d’une enquête menée auprès de la communauté scientifique internationale sur les priorités environnementales. Lancée en France à l’initiative conjointe des ministères de l’Environnement, de l’Équipement et de la Recherche, cette étude est la plus longue et la plus ambitieuse réalisée en matière de hiérarchisation des risques.
Elle permet en effet de dresser une cartographie relativement claire des risques environnementaux tels que les perçoivent les scientifiques. Ainsi, trois » univers » de problèmes se distinguent clairement : l’un centré sur la nature (biodiversité, changement climatique, eau, sol, littoral) ; un autre axé sur l’homme et ses relations aux milieux qui l’entourent (démographie, santé, transports, vie urbaine, citoyenneté, évolution des valeurs…) ; enfin, un troisième pôle relatif à la technique, l’énergie, l’industrie…
L’enquête révèle aussi des différences sensibles de priorités et de représentations selon les continents, même si, de manière générale, c’est le mal-développement qui semble constituer le plus gros problème environnemental en perspective.
Par ailleurs, elle présente » une nouvelle configuration de risques susceptibles d’émerger au cours des 30 prochaines années « , selon les chercheurs interrogés. Parmi eux, insistons sur la fréquence accrue des catastrophes météorologiques dues au réchauffement climatique, les conflits ou déplacements de populations liés à l’usage des ressources (eau, énergie…), l’apparition de nouvelles maladies ou virus, les risques de déstabilisation liés à la manipulation de l’information, les difficultés croissantes de gouvernance, etc.
Enfin, de l’avis même des répondants, aucune des questions environnementales mises en avant dans cette enquête ne bénéficie d’une prise en charge politique suffisante. Il est donc désormais urgent, d’une part de relancer la recherche mondiale sur ces enjeux, de l’autre d’inciter les décideurs à anticiper et agir sur ces nombreux problèmes.
Environnement : les problèmes prioritaires. D'après une enquête internationale auprès de mille scientifiques
Cet article fait partie de la revue Futuribles n° 280, nov. 2002