Les sciences de l’ingénieur ne se contentent plus de soulager nos efforts physiques, et les sciences du vivant de restaurer notre corps et notre santé. Ensemble, elles prétendent inventer des sosies d’homme et de société, produire des machines douées d’intelligence et, même bientôt, produire des clones, des copies d’hommes sinon des hommes parfaits.
Reste-t-il donc aux hommes quelque chose de spécifiquement humain qui les distingue aujourd’hui des machines dotées d’intelligence artificielle, qui pourrait encore les distinguer demain des clones dont la production paraît inéluctable ?
Victor Scardigli distingue bien nettement l’informatique des biotechnologies, même s’il fait observer que, l’une comme l’autre, bien qu’à des degrés d’avancement différents, sont mues par une dynamique irrésistible. Il souligne les progrès accomplis dans les domaines de l’intelligence artificielle pour néanmoins aussitôt souligner que jamais elle ne pourra rivaliser avec l’homme, essentiellement pour trois raisons : son hypercomplexité non cartésienne, l’intentionnalité, le registre culturel et symbolique.
L’auteur, visiblement, est plus inquiet des avancées des biotechnologies, celles-là même qui permettent dès à présent de produire des clones animaux et permettront, à coup sûr, de faire du clonage humain. Même s’il insiste sur le fait que l’être humain n’est pas réductible ni donc imitable par des machines pensantes ou un ensemble de gènes spécifiques, même s’il reconnaît que l’individu se construit lui-même au travers d’un vécu particulier (différent de son clone), Victor Scardigli, tout en soulignant ce qui, à ses yeux, restera spécifiquement humain, nous invite à la plus grande vigilance vis-à-vis des avancées des technosciences…
L'homme, entre ordinateurs et clones
Cet article fait partie de la revue Futuribles n° 283, fév. 2003