De nouvelles données statistiques viennent d’être publiées concernant la population française. Elles révèlent que cette population, estimée à partir du nouveau recensement à 62 millions de personnes au 1er janvier 2004, est en progression sensible par rapport aux années précédentes. Cette augmentation est due, pour une très large part, à l’accroissement naturel, donc à l’excédent des naissances – la fécondité française (1,9 enfant en moyenne par femme) se situant nettement au-dessus de la moyenne européenne – sur les décès, pour leur part en très nette diminution.
Mais cette augmentation de la population française s’expliquerait également par l’accroissement du solde migratoire qui, après avoir été annoncé en baisse pour les années précédentes, vient soudainement de faire l’objet d’une réévaluation quelque peu surprenante.
Alain Parant, rendant compte ici des dernières données statistiques disponibles, explique comment est » calculé » ce fameux solde migratoire et dénonce les incohérences manifestes entre les différentes données disponibles, celles-ci pouvant varier du simple au double sur la période 1990-2003.
Sans remettre en cause fondamentalement l’appareil statistique français ni même les modalités nouvelles de recensement de la population, il souligne l’ampleur des lacunes dont souffre le système d’investigation des mouvements de population. Son propos est notamment illustré par quatre exemples : l’incertitude qui pèse sur les gains d’espérance de vie sans incapacité, l’ignorance dans laquelle nous sommes quant au nombre d’interruptions volontaires de grossesse (IVG), l’abandon fort regrettable de l’enquête » Mobilité géographique insertion sociale » (MGIS) pourtant fort utile pour analyser les comportements des immigrés et de leurs enfants nés en France, enfin l’absence de véritable instrument de mesure permettant d’appréhender les migrations infranationales.
Ces lacunes résulteraient-elles des restrictions financières subies par l’appareil statistique français ou d’autres motifs moins avouables ? L’auteur s’en inquiète, soulignant fort à propos l’utilité des données statistiques sur la population et les conséquences néfastes d’une méconnaissance des processus en cours.
La statistique démographique française en question
Cet article fait partie de la revue Futuribles n° 307, avr. 2005