Dans la foulée du dossier consacré au bilan de la stratégie de Lisbonne, publié dans ce numéro, Michel Godet et Évelyne Sullerot, auteurs d’un rapport à paraître sur la famille, soulignent l’urgence qu’il y a à investir dans le capital humain. L’Europe, nous disent-ils, est en train de prendre conscience de son vieillissement, notamment par rapport aux États-Unis, et de ses conséquences à moyen et long termes sur la croissance économique (la population active de l’Europe des 25 pourrait baisser de plus de 20 millions entre 2010 et 2030). Dans une telle perspective, sans un regain important de natalité et un recours substantiel à l’immigration, point de salut.
Or, il ressort de nombreuses enquêtes que la baisse de la fécondité des femmes, en Europe, ne serait pas une fatalité – le désir d’enfant(s) est bien là – mais le résultat de politiques publiques insuffisamment volontaristes. La France fait certes figure d’exception en matière de fécondité en Europe, mais elle n’est pas pour autant épargnée par les constats qui précèdent. C’est dans ce contexte que le Premier ministre a demandé au CAE (Conseil d’analyses économiques) de l’éclairer sur les » enjeux économiques de la politique familiale et ses rapports avec les autres politiques sociales « .
Un groupe de travail a été officiellement constitué le 1er juillet 2004 par Christian de Boissieu, président délégué du CAE, en présence notamment des rapporteurs Michel Godet et Évelyne Sullerot. Cet article propose quelques morceaux choisis de ce rapport, encourageant les pouvoirs publics à lutter contre la paupérisation des familles avec enfants et à améliorer la conciliation vie familiale / vie professionnelle.
Ce texte reprend des morceaux choisis du rapport La Famille, une affaire publique, que les auteurs ont rédigé dans le cadre du CAE, à paraître à l’automne 2005 à La documentation Française (Paris).