La question de l’entrée éventuelle de la Turquie dans l’Union européenne a défrayé la chronique en 2005, s’insinuant dans le débat relatif à la Constitution européenne alors même qu’elle n’avait pas lieu d’y figurer. Indépendamment du débat politique relatif à la légitimité d’une entrée de la Turquie dans l’Union, Frédéric Allemand analyse quelles pourraient être les répercussions de son éventuelle intégration sur le fonctionnement institutionnel européen, du simple fait de son poids démographique.
S’appuyant sur différentes projections démographiques (Nations unies, Eurostat…) existant pour les différents États membres de l’Union, les futurs entrants » attendus » (Bulgarie, Roumanie, États balkaniques, etc.) et la Turquie, à l’horizon 2025, Frédéric Allemand évalue quel serait le poids de la Turquie, en nombre de votes, au Conseil des ministres, au Parlement européen et dans diverses autres instances, dans le contexte d’une Europe très élargie et dans l’hypothèse d’un maintien des dispositions régissant actuellement les processus de décision.
Comme il le souligne, la Turquie aurait effectivement le poids décisionnel d’un grand pays (le plus grand), à l’instar des quatre » grands » États membres actuels (Allemagne, France, Italie, Royaume-Uni) qui, eux, verraient alors leur poids relatif diminuer. Mais d’une part, cette baisse de poids relatif des quatre grands actuels s’inscrirait dans la tendance générale à l’oeuvre depuis une trentaine d’années. D’autre part, le poids important de la Turquie ne préjugerait pas de son influence réelle sur le processus de décision, l’expérience montrant que les grands pays suscitent une certaine méfiance qui se traduit souvent par des mises en minorité.
Le poids de la Turquie en Europe. Le dynamisme démographique de la Turquie permettrait-il à ce pays de diriger l'Union européenne ?
Cet article fait partie de la revue Futuribles n° 318, avr. 2006