Les perspectives d'un marché du travail européen

Depuis sa création, l’Union européenne progresse sur deux fronts : élargissement de son espace et approfondissement de son champ de compétences. Aujourd’hui forte de 27 États membres, l’Union est un succès en termes de libre-échange. Elle a également beaucoup progressé en matière d’intégration économique, mais les avancées en cette matière sont compliquées par l’absence, à ce jour, de politique sociale unifiée, ce domaine demeurant très largement du ressort des États membres. Dans un tel contexte, en quoi consiste actuellement le marché du travail européen dont on sait qu’il concerne les politiques tant économiques que sociales, et existe-t-il des perspectives d’unification ?
Florence Lefresne présente ici les marchés du travail en Europe, montrant dans un premier temps combien la spécificité européenne, réelle quand on compare l’Union à d’autres ensembles (États-Unis, Japon…), masque une grande diversité interne (en termes de taux d’emploi, de politique salariale, de gestion du chômage, etc.). Elle souligne également la diversité existant en termes de flexibilité, indiquant que les pays les plus flexibles ne sont pas systématiquement les plus performants en matière d’emploi, et que les dispositifs de formation et d’indemnisation du chômage ont un rôle essentiel dans l’efficacité des marchés du travail.
Partant de cette analyse, l’auteur présente ensuite les enjeux de la mobilité des travailleurs européens et, notamment, les risques réels de dumping social dans une Union d’États dont les niveaux de développement et les modèles sociaux restent très disparates. Elle fait le point sur la Stratégie européenne pour l’emploi, montre bien que la règle actuelle en la matière reste le policy mix avec pour corollaire les risques d’un alignement par le bas ; alors que la solution vertueuse pour un fonctionnement plus homogène du marché du travail en Europe, serait sans conteste une  » convergence par le haut « , ce qui suppose la définition d’un modèle social européen.