S’appuyant sur les résultats des trois vagues d’enquête Valeurs menées en Europe en 1990, 1999 et 2008, Abel François propose ici une analyse des valeurs économiques des Européens (essentiellement de l’Ouest) à partir de leur perception de l’économie de marché. Cette perception est mesurée par trois questions relatives à la concurrence, à la propriété des moyens de production et aux revenus, qui mettent en évidence un regard assez positif, globalement, sur l’économie de marché (excepté pour les inégalités de revenu), mais aussi de fortes divergences entre pays, ainsi qu’entre vagues d’enquête.
Abel François propose ensuite d’examiner ces résultats au moyen d’un indicateur synthétique de la perception de l’économie de marché agrégeant les trois questions de base, qui lui permet de distinguer trois groupes de pays selon l’évolution de l’indicateur entre 1990 et 2008, mais qui amène aussi à relativiser les facteurs strictement culturels à l’origine de ces évolutions. Ce sont selon lui des facteurs plus directement liés à la conjoncture économique et à la réussite économique des pays (éléments qualifiés de « sociotropiques ») et à la situation personnelle des répondants (éléments « égotropiques ») qui influencent la perception de l’économie de marché – les répondants jugeant celle-ci d’autant plus positivement qu’ils estiment qu’elle leur apporte des avantages personnels ou qu’elle est favorable à la collectivité à laquelle ils appartiennent.