Après des décennies de recul industriel, de délocalisation des unités de production voire de désinvestissement du secteur secondaire au profit du secteur tertiaire (la plupart des observateurs estimant que l’avenir était dans les services), en particulier en Europe, l’industrie pourrait bien susciter un regain d’intérêt dans les économies modernes. En effet, la floraison d’innovations techniques, sociales et organisationnelles qu’a suscitée l’explosion du numérique, a rebattu les cartes et ouvre de nouvelles perspectives en matière de production pour les entreprises qui sauront s’y adapter et les optimiser. Dans ce contexte, comment produirons-nous demain s’interroge André-Yves Portnoff ?
Après un rappel du recul industriel européen, cet article revient sur quatre idées fausses qui ont participé de ce recul : 1) l’industrie serait dépassée ; 2) les services seraient séparables de l’industrie ; 3) l’entreprise serait morcelable ; et 4) on pourrait exploiter le numérique sans abolir les organisations cloisonnées et pyramidales. Montrant combien ces visions sont erronées, André-Yves Portnoff souligne le défi culturel et organisationnel auquel les entreprises industrielles sont aujourd’hui confrontées et le rôle déterminant du facteur humain pour y répondre. Il présente ensuite les grands programmes en cours, en France, en Europe et au-delà, sur l’avenir de l’industrie, et ce que pourrait être le profil de l’usine du futur (plus collaborative, agile, optimisant les nouveaux matériaux, la robotique, le cloud, les systèmes cyberphysiques…). C’est une véritable révolution de l’intelligence, basée sur des méthodes participatives inspirées des modèles d’analyse de la valeur, qui doit s’engager, et c’est grâce à elle que les entreprises industrielles européennes peuvent espérer retrouver le chemin de l’innovation et du succès.