Popularisé outre-Atlantique dans les années 1960 (par Ray Kurzweil) et surtout à partir des années 1980 (quand un mouvement d’ampleur significative se fédère autour de ces idées), le transhumanisme préconise l’utilisation des sciences et des techniques afin d’améliorer les caractéristiques physiques et mentales des êtres humains, donc de pousser l’homme au-delà de sa condition humaine stricto sensu. S’appuyant sur la convergence des technologies (informatique, nano- et biotechnologies et sciences cognitives), ce mouvement gagne en vigueur au fil des avancées auxquelles on assiste depuis quelques années, notamment en matière d’intelligence artificielle. Mais qu’est-ce que le transhumanisme ? Quels sont ses fondements philosophiques et idéologiques ? Où ses partisans veulent-ils en venir ? Peut-il déboucher sur un posthumanisme, reléguant l’humain au rang de vestige historique ?
Gilbert Hottois a entrepris, dans un récent ouvrage [1], de décortiquer les ressorts idéologiques du transhumanisme et de sa version extrême, le posthumanisme. Pierre Papon nous en livre ici les grandes lignes, tout en insistant aussi sur les limites de cette idéologie au regard des défis de moyen-long terme auxquels l’humanité est confrontée. S’il est indispensable de ne pas baisser la garde sur le plan éthique, sans doute faut-il aussi un peu démystifier : les progrès technoscientifiques sont encore trop lents pour que les projets transhumanistes prennent véritablement corps. Reste à espérer que cela dure…
[1] Hottois Gilbert, Philosophie et idéologies trans / posthumanistes, Paris : Vrin (Pour demain), octobre 2017, 320 p.