Apparu à l’automne 2013, le concept de « nouvelles routes de la soie » développé par le président chinois Xi Jinping est en général présenté par les commentateurs comme une initiative de développement des transports, principalement ferroviaires, reliant la Chine à l’Europe et la Russie. Beaucoup y voient aussi une entreprise stratégique de la part de Pékin visant à ancrer la Chine dans le commerce mondial et à étendre ses ramifications dans les pays voisins. Face à de multiples interprétations, est-il possible d’avoir une idée claire de ce que sont ces « nouvelles routes de la soie » (NRS) ?
Rien n’est moins sûr comme le montre ici Rémi Perelman, tant l’approche de Pékin sur ce dossier relève d’un réel pragmatisme et tant les objectifs, près de cinq ans plus tard, paraissent complexes et peu lisibles. Dans cet article très dense, issu d’une analyse prospective initialement publiée par l’association Futuribles International, Rémi Perelman présente dans un premier temps la genèse des NRS au travers des discours fondateurs et des commentaires qu’ils ont suscités. Puis il s’attache à la réalité des NRS à travers leur mode de financement, les partenariats prétendument gagnant-gagnant noués dans différents pays (eux-mêmes plus ou moins acquis à la cause), les diverses infrastructures (routières, maritimes, ferroviaires) construites ou en projet… Il insiste également sur le rôle symbolique conféré à ce « programme » par le président chinois et le parti communiste. Enfin, il esquisse les perspectives d’avenir possibles des NRS : les limites auxquelles elles pourraient se heurter, mais aussi les opportunités offertes par l’inscription du pays dans la mondialisation.