Après avoir fortement diminué en France dans la deuxième moitié du XXe siècle, le nombre de travailleurs indépendants a augmenté légèrement depuis une dizaine d’années, notamment sous l’influence de la création du statut d’autoentrepreneur. Ainsi, la part des travailleurs indépendants est passée de 8,8 % en 2003 à 10,4 % en 2013, contre 20 % en 1970. Cette inflexion de tendance a donné lieu à de nombreuses prédictions sur la fin du travail salarié, relativisées dans une étude de Futuribles sur la question [1]. Depuis 2013, le nombre de travailleurs indépendants n’augmente plus, conséquence ici aussi, en partie, du durcissement du statut d’autoentrepreneur et de la reprise économique (qui a entraîné une hausse des créations d’emplois salariés) [2].
Un phénomène inverse commence même à s’observer : des professions traditionnellement libérales connaissent une croissance progressive de la part des salariés. C’est le cas notamment des médecins et des vétérinaires. Le processus de salarisation de la population active pourrait donc ne pas être totalement achevé, et s’étendre à des professions qui en étaient traditionnellement très éloignées.
En 2018, la France compte 226 000 médecins en activité [3]. Depuis 10 ans, le nombre de médecins salariés a augmenté de 11 %, alors que le nombre de libéraux a diminué d’autant (pour des volumes comparables). C’est le nombre de salariés spécialistes qui a le plus augmenté : + 14 %. Les deux tiers des médecins inscrits à l’Ordre en 2017 sont salariés, contre 43 % de l’ensemble des médecins en exercice.
Répartition des médecins en activité selon les modes d’exercice
*Médecins dont la forme de rémunération (salaires ou honoraires) n’est pas connue.
Source : Morgues Jean-Marcel (sous la dir. de), op. cit., p. 71.
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